
Etonnant, mais vrai : quoi qu'en pensent les Parisiens excédés par les mesures anti-voitures, la baisse du trafic dans la capitale n'a pas commencé avec le premier mandat d'Anne Hidalgo. Et la tendance ne semble pas prête de s'inverser.
Le saviez-vous ? À Paris, la vitesse moyenne en voiture est de 13 km/h, soit moitié moins que la limite autorisée (30 km/h). Et malgré ce coup de frein, pas de manifestation, point de mécontentement et une maire (Anne Hidalgo) réélue sans difficultés en 2020, malgré son désir d’en finir avec l’automobile. Étonnant ? Pas tant que ça. Et pour cause : dans la capitale, cela fait déjà plusieurs années que les voitures sont une espèce en voie d’extinction. Moralité, les Parisiens (par ailleurs : des électeurs) ne semblent guère attristés par la baisse du trafic. Pire (ou mieux) que ça : ils aimeraient majoritairement en finir avec la pollution et le bruit générés par les modèles thermiques.
La voiture est-elle un moyen qui a le vent en poupe ?
► Il y a aujourd’hui deux fois moins de voitures dans Paris qu’il y a 30 ans
► Les baisses les plus importantes ont eu lieu pendant le 1er mandat de @BertrandDelanoe (-21%) puis celui d’@Anne_Hidalgo (-19%) pic.twitter.com/PgHuNiNqPH
— Bertrand Lambert (@B_Lambert75) March 11, 2020
Moitié moins de voitures en 30 ans. Pour en arriver à ce constat, le journaliste de France 3 et France Info Bertrand Lambert a épluché les bilans mobilité des 30 dernières années, offerts par Enquêtes Globales Transports (EGT). Le verdict est sans appel : -52% de trafic auto depuis 1992, avec une baisse record de -8% en 2019. Pour autant, la “chasse à la voiture” a débuté bien avant l’arrivée d’Anne Hidalgo ; son prédécesseur Bertrand Delanoë ayant déjà bien œuvré pour mettre Paris sur la voie de la mobilité douce. Conclusion transitoire de ce changement : Paris n’apparaît qu’en septième position dans le classement des villes françaises les plus embouteillées.

Mais qui conduit encore dans Paris ? C’est effectivement la grande question, alors que celles et ceux s’aventurant encore à y prendre le volant ont l’impression que c’est de pire en pire. Réponse : les chauffeurs de VTC (on en compterait environ 25 000, auxquels il faut rajouter 18 000 chauffeurs de taxi dits traditionnels), mais aussi majoritairement (64%) des hommes de plus de 50 ans, issus de catégories socio-professionnelles élevées. Le chiffre qui fait mal : ils effectuent globalement des trajets courts, en auto-solisme ; de quoi conclure qu’à Paris, plus on gagne bien sa vie, moins on se soucie de la mobilité douce, de l’écologie et du bien-être des voisins…
Les temps changent. Pas forcément de quoi s’alarmer pour autant, puisque l’existence de la voiture individuelle à Paris semble compromise à moyen terme. Dès 2030, 99% des modèles actuels ne pourraient selon les prévisions plus rouler “intra-muros”. Et déjà aujourd’hui, sur 100 déplacements, seuls 11 se font en voiture. Logique, quand on sait que seulement 1/3 des Parisiens possèdent une automobile.
Fait encore une fois surprenant : dans Paris, un déplacement sur deux se fait à pied, selon une étude Insee datant déjà de 2011. Une tendance confirmée par l‘Institut Paris Région, avec une analyse de 2018 prouvant que combinés, la marche à pied et les transports en commun équivalaient à 61% des modes de déplacement en Île-de-France. Il se pourrait bien, au cours de la décennie, que le vélo passe devant la voiture en terme de mobilité choisie, et non subie, par les Parisiens. Une sacrée évolution, et partie pour durer, quoi qu’il advienne de la candidature d’Anne Hidalgo pour l’Elysée…