
Qualifiée de radicale, la décision de la municipalité de verbaliser les automobilistes récalcitrants fait pourtant écho à une loi française en vigueur depuis... 1963.
Moteur, action. Finalement, il aura fallu attendre une énième canicule pour qu’une municipalité passe à l’action : à Nancy, touchée comme d’autres villes par une sécheresse intense, les élus ont “profité” du mois d’août pour faire passer un arrêté sanctionnant les conducteurs qui laissent leur voiture tourner à l’arrêt. La raison de cette décision ? Une pollution passive qui, à l’heure des pics de pollution récurrents, ne passe plus.
“Trop souvent, les moteurs de véhicules arrêtés en stationnement ou en dehors de la circulation sont laissés en marche pendant de longues minutes, rejetant inutilement des gaz et des particules fines, alors que la qualité de l’air en ville est fortement impactée par le trafic automobile et routier, précise le communiqué rédigé par le maire Mathieu Klein. Cela est d’autant plus vrai que la ville de Nancy connaît régulièrement des épisodes d’alerte à la pollution de l’air, entraînant des conséquences graves pour la santé des habitants, notamment durant ces périodes de fortes chaleurs”.
Conséquence immédiate de cette décision : les Nancéens laissant la voiture allumée pendant qu’il vont chercher le pain ou les enfants écoperont d’une amende de 135 €, soit le prix d’une contravention de quatrième classe.
#communiqué 📃🚘💨 La Ville de Nancy rappelle l'interdiction aux conducteurs de laisser tourner leur moteur en stationnement ou à l'arrêt en dehors de la circulation. ⤵️ pic.twitter.com/Q3pFi5n1H9
— Ville de Nancy (@VilledeNancy) August 12, 2022
Une loi jamais vraiment appliquée. Peu de Français le savent, mais cette mesure vaut théoriquement pour toutes les villes françaises depuis le 12 novembre, date 1963 de la validation de l’article 2 d’un arrêté ministériel stipulant que “les véhicules en stationnement doivent avoir leur moteur arrêté, sauf en cas de nécessité, notamment lors des mises en route à froid“. La mesure, étonnamment jamais vraiment appliquée sur le territoire, peut pourtant coûter jusqu’à 750 € aux automobilistes refusant, souvent pour de mauvaises raisons, de couper le moteur. Mais alors que cet acte de bon sens écologique est déjà obligatoire à Londres, en Belgique ou en Suisse, la France continue de rechigner à verbaliser les contrevenants. La faute à un manque d’effectifs, ou à un laxisme généralisé ?
Dedans, les grands discours sur la canicule et sur l'environnement. Dehors, les voitures des ministres, leurs escortes, moteurs qui tournent, sous 40°C.
Je fais mon Yann Barthès dans la cour de l'Assemblée. pic.twitter.com/qsz3UAmKkp— François Ruffin (@Francois_Ruffin) June 26, 2019
Faire la guerre aux mauvaises habitudes. Quoi qu’il en soit, Nancy fait aujourd’hui figure de modèle à suivre, d’autant plus dans un contexte de fortes chaleurs à répétitions. Celles et ceux ayant décidé de laisser tourner le moteur pour la climatisation ou, à l’inverse, pour le chauffage en hiver, en seront pour leurs frais. La mairie, quant à elle, précise que “la mesure n’est pas répressive, qu’elle se veut volontariste et pédagogique et que des exceptions sont prévues, notamment pour le préchauffage des moteurs en cas de températures négatives”. Ne reste plus qu’à espérer que cette décision inspire d’autres communes, voire même la ville la plus froide du monde, en Sibérie, où les voitures restent parfois allumées tout l’hiver.