
Chauffer et climatiser tout un quartier en n’utilisant que de l’eau de mer ? C’est une première en France et ça se passe dans un écoquartier du nord de Marseille. Découverte de ce réseau du futur, 100% énergie renouvelable.
Une première en Europe. Après trois ans de travaux, l’écoquartier Smartseille est enfin sorti de terre dans le 15e arrondissement de la cité phocéenne. Depuis septembre, il accueille même ses premiers habitants. Et cela valait le coup d’attendre : cette ancienne friche de 2,7 hectares, baptisée alors l’îlot Allar, abrite maintenant 400 logements et 20 000 m² de bureaux et commerces ; c’est surtout le premier écoquartier d’Europe à expérimenter en grandeur nature la thalassothermie.
Rien à voir avec des bains de boue pour retraités : il s’agit d’un dispositif qui permet de récupérer du chauffage, de la climatisation et de l’eau chaude en n’utilisant que de l’eau de mer. Comment ? En allant puiser les calories (qui chauffent) ou les frigories (qui rafraîchissent) contenues dans l’eau de mer — ici, la Méditerranée — pour les transporter jusqu’aux installations thermiques des appartements. Du naturel, donc.
-80% d’émission de CO2. Utilisé depuis des années dans les pays nordiques, ce dispositif baptisé Massileo en France a été développé par le groupe Optimal Solutions, filiale d’EDF. Selon eux, la thalassothermie permettrait de réduire de 80% les émissions de gaz à effet de serre par bâtiment, et jusqu’à 30% la facture énergétique de chaque résident.
Pour 1 kW/h consommé, la thalassothermie produit 4 kW/h de chaud ou de froid.
Massileo permet également aux bâtiments d’échanger entre eux leurs calories ou leurs frigories. Par exemple, un immeuble de bureau dont la climatisation rejette de la chaleur en fait bénéficier l’immeuble voisin qui peut ainsi chauffer son eau. Résultat : zéro gaspillage énergétique.
Marseille donne l’exemple. Évidemment, Smartseille intègre de nombreux services propres à une Smart City : voitures électriques à louer, suivi des consommations d’énergie en direct par les habitants depuis une tablette numérique, mais aussi, potagers partagés, ruches sur les toits, etc.
« Notre dispositif de boucle d’eau de mer permet de ne pas aggraver l’empreinte énergétique. Nous reconstruisons la ville sur la ville. C’est reproductible dans de nombreuses villes du pourtour méditerranéen », expliquait cet été Valérie David, directrice développement durable du groupe Eiffage au média Le Moniteur. Car l’idée est bien de donner envie à d’autres villes méditerranéennes d’emboîter le pas. Aujourd’hui, 75% de l’énergie fournie au quartier provient de sources renouvelables. Qui dit mieux ?