
Karson Humiston a compris tout le potentiel du marché de la marijuana médicinale : à 24 ans, cette Américaine dirige une agence de recrutement spécialisée qui vient de lancer le site n°1 des annonces d’emploi pour le secteur, Vangsters.
Yes weed can ! En 2015, alors qu’elle est encore étudiante à l’Université de St Lawrence (New York), Karson Humiston commence à s’intéresser à l’industrie du cannabis thérapeutique, qui fait alors des remous. Lorsqu’elle tente de se renseigner à l’école, elle se heurte à un mur : « Ils m’ont dit qu’il n’y avait pas beaucoup d’offres d’emplois, qu’ils ne recommandaient pas aux étudiants de travailler dans le domaine. » Mais en se rendant à des conférences spécialisées, elle découvre que l’on recrute des chimistes, des comptables, des gérants de magasin, des développeurs, des vendeurs, des cadres… Karson décide alors de briser l’omerta.
Elle met en contact ces entreprises qui recrutent avec son réseau étudiant à la recherche d’emploi : l’agence de recrutement Vangst est née. Ses chasseurs de tête ont la charge de trouver les meilleurs profils de candidats afin d’offrir une présélection pour l’entreprise thérapeutique : « Je pense que l’on peut faire en sorte que l’industrie atteigne son potentiel maximal si elle est dirigée par des vrais professionnels. »
Trouver un emploi dans la marijuana. Aux manettes de Vangst, elle constate que 75% des emplois du secteur peuvent être pourvus sans avoir besoin de dépêcher un recruteur de son agence. Elle décide alors de créer Vangsters, une plateforme de « job board » équivalente à Monster ou Indeed, qui agrège offres d’emploi et profils candidats dédiés à l’industrie du cannabis. Les demandeurs d’emploi peuvent gratuitement créer leur profil et postuler à des annonces que les entreprises paient pour mettre en ligne. « Nous avons construit la technologie de A à Z, c’est plus qu’un site d’annonces : c’est un lieu de contenus et de contacts. » La plateforme se veut aussi une porte d’entrée pour les professionnels souhaitant se reconvertir.
Deux mois après le lancement, ils sont déjà plus de 15 000 canna-candidats. Et pour cause, les cultures, les dispensaires et autres entreprises du secteur devraient employer deux fois plus de personnes d’ici à 2020, soit environ 300 000 postes.
Cannabiz. Avec 7 milliards de dollars de ventes en 2016, l’industrie américaine du cannabis est en plein boom : 29 États l’ont d’une manière ou d’une autre légalisé. Parmi eux, 8 en autorisent l’usage récréatif. Une dynamique que Karson espère soutenir : « A contrario du marché souterrain qui conduit au crime, le marché légitime est gage de rentrée fiscale… ça me paraît être une évidence. » Vangst se positionne donc comme leader dans le recrutement de talents sur le marché du cannabis. Une façon de stimuler une légalisation sécurisée et d’offrir à ce secteur porteur une soufflette de confiance.
Hors de propos en France à l’heure actuelle, puisque la législation continue d’interdire autant la possession que la vente du cannabis, peu importe l’usage (récréatif ou médicinal), il reste à voir si les espoirs à redresser l’emploi ne sont pas fumeux avant qu’on envisage de suivre ou non l’exemple de nos cousins hippies américains.