20 km/h qui font beaucoup parler. Dans le journalisme, quand un sujet est récurrent, ou qu’il revient souvent dans les débats de société, on parle d’un sujet « marronnier ». Noël, c’est un marronnier. La rentrée des classes aussi. Et la limitation de vitesse sur l’autoroute est depuis deux ans un sujet qui agite à nouveau les débats. À l’origine, l’abaissement de la vitesse à 110 km/h sur l’autoroute est une proposition de la Convention citoyenne pour le climat afin de réduire les émissions de CO2 — on parle d’une économie de 20% d’émissions de CO2 en moins si on réduit de 20 km/h la vitesse. Mais Emmanuel Macron avait fait blocage. Comme d’autres avant lui puisque déjà en 1990 et en 2004, les tentatives pour passer de 130 km/h à 120 km/h ou 110 km/h ont jusque là échoué.

Mais depuis la guerre en Ukraine et la crise énergétique, d’autres arguments viennent renforcer cette idée. Par exemple, « rouler à 110km/h plutôt qu’à 130 km/h, c’est -20% de carburant consommé », peut-on lire sur les110.org, un site favorable à la réduction de la vitesse sur l’autoroute. Certes, en roulant moins vite, le temps de trajet sera plus long — environ 9 minutes de plus par heure. Mais cela permettrait de réduire les embouteillages ainsi que la mortalité routière.

Cet après midi, j'ai défendu le passage au 110 km/h qui est :
– une mesure de sobriété
– une mesure de préservation du pouvoir d'achat
– une réduction de la dépendance aux énergies fossiles
– une mesure de préservation des vies humaines.
7 français sur 10 y sont favorables. pic.twitter.com/4arWdgr724

— Christine Arrighi (@ChArrighi) November 7, 2022

Un changement pour la planète ? Pour mieux comprendre le positionnement des Français sur plusieurs mesures climatiques, le cabinet d’études Elabe a mené une enquête sur 25 000 personnes. Les résultats, relayés par Le Parisien, indiquent notamment que 68% de nos concitoyens sont prêts à rouler à 110 km/h sur l’autoroute afin de faire un geste pour l’environnement. Ce chiffre se rapproche de celui obtenu par l’association Agir Pour l’Environnement dévoilé lors d’un récent sondage Ifop. Dans cette enquête réalisée sur 1005 personnes, 63% indiquaient être d’accord pour réduire leur vitesse à 110 km/h « spécifiquement dans le but de réaliser des économies de carburant ». Peu importe la conviction (faire des économies ou protéger l’environnement), les Français semblent être majoritairement sur la même longueur d’ondes concernant cette mesure.

Le débat sur les 110 km/h sur nos autoroutes relancé https://t.co/RkEYEKWmmv

— Motor1.com France (@motor1france) November 1, 2022

Un climat favorable ? Mais quels seraient les bénéfices à grande échelle d’un passage à 110 km/h en France ? Comme on l’indiquait dans cet article, il y aurait certes un gain estimé « de CO2 de 1,45 million de tonnes par an ». C’est peu puisque qu’en 2016, le secteur du transport en France émettait 136,3 millions de tonnes de CO2. Aussi, selon le Commissariat général au développement durable (CGDD), cette mesure engendrerait une perte pour l’économie française de l’ordre de 550 millions d’euros. « Le poste de la perte de temps est de loin le principal coût de la mesure. Il n’est pas compensé par les bénéfices dont les plus importants sont l’économie de carburant et la réduction de l’accidentalité », écrit le CGDD dans ce rapport. Le problème avec les mesures écologiques, c’est qu’à court terme, elles ne riment donc pas avec rentabilité. Mais pour le bien des futures générations et pour atteindre des objectifs climatiques ambitieux, des efforts seront fatalement nécessaires. Même s’ils impliquent des coûts financiers plus élevés sur les premières années.

Concernant le passage à 110 km/h, le climat n’a peut-être jamais été aussi favorable à cette mesure. Reste à voir si le gouvernement aura le courage de passer à l’acte. Une première brique vient néanmoins d’être posée sur l’autoroute, avec l’obligation pour tous les agents publics de rouler à 110 km/h maximum. 

D’ailleurs, début octobre, le gouvernement a dévoilé un plan de sobriété énergétique. Dans ce document, il est indiqué que les fonctionnaires devaient réduire leur vitesse à 110 km/h. Le 30 octobre 2022, plusieurs personnalités connues (Yann-Arthus Bertrand, Cyril Dion, Jean-Marc Jancovici, etc) ont publié une tribune dans le JDD pour appeler les Français à suivre le mouvement et à rouler moins vite. Avec le début de la COP27 en Egypte, il est désormais peut-être temps pour le gouvernement d’accélérer.