
Succès dans plusieurs villes françaises, la gratuité des transports s’invite massivement dans les programmes des élections municipales. 2020, année de la mort du ticket de métro ?
Plus besoin de sauter le tourniquet. Des bus, trams, métros gratuits… c’est déjà une réalité dans quelques villes françaises comme Compiègne (depuis 1975, une pionnière), Aubagne (2009) ou Niort (2017) et ça pourrait le devenir dans la vôtre. Galvanisés par des succès récents à Calais – où la fréquentation des bus a bondi de 70% depuis qu’ils sont gratuits – ou à Dunkerque – avec +125% de fréquentation dans les bus tous les week-ends depuis la gratuité – de plus en plus de candidat.e.s aux municipales franchissent le pas et proposent un dispositif similaire comme à Lille, Orléans, Caen, Mulhouse, Montpellier, Lyon, Bordeaux, Vienne, Besançon ou Metz.
Le coût de la gratuité. Qu’elle soit intégrale ou partielle – réservée à des tranches d’âges, des périodes de la semaine ou des situations socioprofessionnelles – cette gratuité des transports a le vent en poupe dans les programmes. Rapide, verte, douce, adaptée à tous et toutes, elle apparaît souvent comme une option idéale pour répondre à l’impératif de transition énergétique et permettre de modifier en profondeur les comportements. Pour revenir au cas de Dunkerque, parmi les nouveaux usagers du bus, 48% prenaient autrefois la voiture pour se déplacer. Mais si elle est envisagée, c’est surtout parce que la gratuité a un coût souvent moindre qu’il n’y paraît. À Dunkerque encore, les billets de transports ne représentaient que 10% des recettes. À titre de comparaison, il s’agit plutôt de 30% à Lyon ou Paris.
Une alternative réservée seulement aux villes moyennes ? Si Tallinn, capitale de l’Estonie de 420 000 habitants a réussi le pari de la gratuité pour ses résidents, l’opération apparait difficilement transposable aux grandes agglomérations françaises comme Paris, Lyon ou Marseille. Dans un entretien au Monde, Charles-Éric Lemaignen (vice-président du GART) explique pourquoi : « Les 30 réseaux français qui sont déjà passés au modèle gratuit avaient tous comme caractéristique d’avoir des réseaux de bus peu performants et sous-utilisés, et donc des recettes commerciales faibles, dont il est relativement facile de se passer. En effet, les réseaux de moins de 50 000 habitants ont en moyenne 155 000 euros de recettes tarifaires annuelles. C’est très faible ! La gratuité peut y être envisagée, c’est un choix politique. »
En Île-de-France, par exemple, les recettes sont trop importantes. Si les transports devenaient gratuits, la perte grimperait à 3,5 milliards d’euros. La raison, sans doute, pour laquelle Anne Hidalgo a retiré son projet de gratuité à Paris, le réservant uniquement aux moins de 18 ans. Les tourniquets de métro sont encore loin de la retraite.
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