
On n'invente jamais rien. Si vous pensiez que les récentes mesures prises contre la congestion et la pollution des villes étaient des initiatives modernes, détrompez-vous. Dès l'Antiquité, des arrêtés municipaux ont été promulgués dans ce sens. Le plus ancien et le plus célèbre ? Celui de Jules César.
En 2014, Anne Hidalgo, alors en campagne pour les élections municipales, s’engage à piétonniser Paris. Deux ans plus tard, elle tient sa promesse en dédiant les Champs-Élysées aux piétons et aux “circulations douces” un dimanche par mois. La maire étend ensuite la mesure aux quatre premiers arrondissement parisiens et crée même une journée annuelle sans voiture dans l’ensemble de la capitale. Mais ces initiatives sont loin d’être révolutionnaires. La capitale de la Gaule aquitaine, Bordeaux, réserve son centre-ville aux chalands depuis 1985. Mieux encore, il y a plus de 2000 ans, Jules César lui-même décrétait l’interdiction des chars dans les rues de Rome.
À l’époque, la Ville Éternelle est déjà une métropole importante dont la population se compte en centaine de milliers d’habitants. Si les élites résident dans des hôtels particuliers dont seule la porte donne sur la rue, le reste des Romains vit et travaille à même la chaussée. C’est en effet dans la rue que les artisans de tous corps de métier installent leur échoppe.
En résulte un désordre renforcé par la géographie de la ville : Rome est constituée de milliers de ruelles construites sur les pentes de sept collines. À ce désordre, il faut encore ajouter les va-et-vient incessants des chars. Pour Jules César, le chaos est intolérable. Le dictateur entend en finir avec les embouteillages. À l’exception des véhicules dédiés à la construction des temples sacrés, il fait passer une loi interdisant les rues de Rome aux chars et aux chariots. Et ce, du lever au coucher du soleil. Une mesure radicale que ses successeurs étendront à toutes les villes de l’Empire alors même qu’elle ne fait que prolonger les diverses nuisances dans la nuit… Comme quoi, déjà dans la Rome Antique, concevoir des solutions adéquates aux problèmes de mobilité était déjà bien compliqué.