
L’Europe a officiellement voté la fin de l’importation du gaz russe, et cela pourrait impacter les régies de transport en commun des centres urbains de plus de 200 000 habitants.
Voir la ville en vert. En 2019, Ile-de-France Mobilités annonçait sa commande de 409 bus roulant au gaz naturel (GNV) pour remplacer les modèles diesel roulant en petite et grande couronnes. Objectif : réduire la pollution générée par l’immense flotte des 1500 lignes de bus franciliennes et viser 100 % de véhicules propres (électrique ou carburant alternatif) en 2025. Hélas, et au regard de la situation géopolitique, l’avenir est aujourd’hui un peu moins rose car, conséquence de la guerre en Ukraine, le gaz naturel pourrait cruellement manquer cet hiver.
[#TransitionEnergetique] Plus de 100 bus roulant au #GNV ont été livrés à la #RATP par @ScaniaFrance, dans le cadre du projet #bus2025, financé par @IDFmobilites et avec le concours de l’Union Européenne #EU #CEFTransport ⤵️ https://t.co/jcpDyoaIfn
— RATP Group Territoires (@RATPGroup_Terr) March 7, 2022
Ni fumée ni particules fines. Le GNV est un complément de carburant gazeux (essence ou gazole) fabriqué à partir de méthane (le gaz qui arrivent à nos cuisinières) ; à ne pas confondre avec le GPL, liquide et composé de butane et de propane. Si on le connaît mal, c’est qu’il est majoritairement utilisé par des professionnels, poids lourds, cars et autobus. Et c’est tant mieux : un bus au GNV ne fume pas, fait moins de bruit, émet 20 % de CO2 de moins et ne rejette pratiquement aucune particule fine ni oxyde d’azote. Et son empreinte environnementale est encore meilleure s’il tourne au bioGNV, un méthane d’origine renouvelable.
Ce profil éco-responsable plaît aux collectivités. Selon l’union des pros du GNV (l’AFGNV), plus de 26 000 bus urbains roulent au GNV en France, donc 17,30 % de tous les autobus du pays, et plus de 10% des bennes. Des villes comme Lille ou Bordeaux en possèdent plus de 300 et, parmi les villes de plus de 200 000 habitants, 2 villes sur 3 y ont recours selon sefe-energy.fr.
L'aéroport de Lyon Saint-Exupéry inaugure ses bus #GNV #biogaz @lyonaeroports https://t.co/8XKXsUcXaW pic.twitter.com/q8tTdN4KsA
— Gaz Mobilité (@gaz_mobilite) February 6, 2018
Moins cher… mais pour combien de temps ? On comprend les élus : le prix du GNV a beau avoir triplé en un an, il reste bien inférieur au gasoil et moins coûteux à l’achat qu’un autobus électrique. Sauf si ce gaz devient introuvable ou hors de prix…Face à la flambée des coûts des énergies, SNCF a planché sur une réduction possible du nombre de trains roulant cet hiver ; les métropoles devront-elles, pareillement, retirer 1 bus sur 10 en circulation ? Pas forcément.
Interviewé par la Gazette des Communes, le président de la métropole de Lyon craint plutôt une hausse des tarifs de son opérateur, Keolis, répercutant le surcoût énergétique en plus d’une revalorisation des salaires (nécessaires pour éviter la pénurie de chauffeurs). Alors l’an prochain, certaines communes pourraient avoir à choisir entre augmenter les impôts locaux ou le prix du ticket. Un problème qui risque de ne pas aider à booster la fréquentation des transports en commun, en baisse depuis le Covid.
Crédit photo de Une : Flicker / Alexandre