
Les journées sans voiture, qui existent depuis 1997 en France, ont progressivement été remplacées par ce qu’on appelle « la semaine européenne de la mobilité », cette année du 16 au 22 septembre. Mais cette journée, dont la date peut varier selon les villes, reste importante pour promouvoir d’autres modes de transport.
1998, sacré virage. Si l’année 1998 est marquée par la victoire de la France lors de la Coupe du Monde, un autre événement un peu moins marquant mais bien plus important s’est lancé dans l’Hexagone : la journée sans voiture, le 22 septembre. Le concept : on interdit aux véhicules (voitures, camions, etc.) l’accès aux villes le temps d’une journée sans bruit où les piétons peuvent profiter des routes en toute sérénité. Mais en réalité, cette journée a été initiée par la maire de La Rochelle Dominique Voynet en 1997. Elle avait lancé, dans sa ville, une journée sans voiture le 9 septembre de cette année. Et déjà à l’époque, le discours était clair :
« L’idée n’est pas de punir les gens qui utilisent leur voiture mais de les amener à se poser des questions. Plus de la moitié des déplacements en ville se font pour des trajets de moins de trois kilomètres. Est-ce que ça vaut vraiment le coup de prendre sa voiture dans ces conditions au risque de rester coincé dans les embouteillages ? »
L’initiative est portée au niveau national en 1998 avec la participation de 35 villes. Dès 1999, des villes italiennes et suisses rejoignent le mouvement puis en 2000, cette journée devient européenne. Le succès est là, et dépasse même les frontières du continent (Brésil, Argentine, Taïwan, Canada). En 2002, 1353 villes participent à cet événement dans 37 pays différents. Bon point : c’est en France qu’on dénombre la plus forte participation.
À chacune de ces journées, des mesures sont effectuées pour quantifier l’impact de la pollution sur l’air et le bruit. En général, les transports en commun sont renforcés et l’occasion est parfaite pour promouvoir les nouvelles formes de mobilité, par exemple les véhicules électriques ou à hydrogène mais aussi la trottinette, le vélo et autres deux-roues.
Au fil des années, notamment vers 2005, la journée sans voiture en France devient presque une contrainte, et le mouvement s’essouffle. La preuve, de moins en moins de villes y participent (par exemple en France, on compte 72 villes en 2003 et 50 villes en 2004 selon Actu Environnement). Un ralentissement auquel vient s’ajouter un nouvel événement baptisé « la Semaine Européenne de la Mobilité », dès 2002. L’objectif étant peu ou prou le même que celui de la journée sans voiture, c’est-à-dire inciter les collectivités et les citoyens à opter pour des moyens de transport plus propres. Plusieurs thématiques sont alors abordées, comme les trajets domicile-travail, le changement climatique, la pollution, les mobilités durables, la transition écologique, etc.
Dimanche 19 septembre, profitez de Paris sans voiture ! Comme tous les ans, l'occasion de découvrir Paris (et son patrimoine !) à pied, en vélo, en rollers… #journeesansvoiture #JourneesDuPatrimoine
Comment ça marche ? Pour toutes les infos : https://t.co/KHWupLLAae pic.twitter.com/RnsyApmsLE
— David Belliard (@David_Belliard) September 16, 2021
La voiture au garage. Avec les différentes et récentes prises de conscience écologiques, la journée sans voiture a repris du poil de la bête. En 2017 par exemple à Paris, l’événement a été étendu à toute la ville (sauf le périphérique), ce qui permet de se balader sur les grandes avenues. Les bénéfices sont directement visibles : -54% de bruit sur les Champs-Élysées et une diminution des niveaux de dioxyde d’azote le long des grands axes. Toujours à Paris, ni les voitures ni les deux-roues – y compris les modèles électriques -, n’ont le droit de circuler, laissant tout l’espace à la micro-mobilité.
Si en 1998, la voiture n’était pas au centre des discussions, les choses ont changé depuis, et la voiture en ville est devenue un sujet sensible. Vignettes Crit’Air, restrictions de circulation, limitation de vitesse, diminution des places de stationnement et bientôt interdiction des véhicule diesel dans les centres-villes… l’automobile ne dicte plus ses règles, et se voit de plus en plus confinée au garage. Par exemple à Bordeaux, une journée sans voiture a lieu tous les mois, un dimanche. Lyon a instauré une journée de piétonnisation en juin et à Nancy, plusieurs axes ont aussi été réservés aux piétons cet été. La journée sans voiture n’est donc plus un événement que l’on attend de pied ferme, et les villes s’activent de leur côté toute l’année pour promouvoir une ville plus propre. Le mouvement est donc loin d’être au point mort.
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