
Un cabinet d’architectes singapourien a rénové des bâtiments abandonnés avec des matériaux surprenants : lierre dansant, brique façonnée pour recevoir le soleil, marbre imitant l’eau… Une ode à la nature et une invitation à vivre en symbiose.
Bucolique. Quand on traverse le détroit de Johor, qui sépare la Malaisie de l’île principale de Singapour, on arrive par une route bucolique qui serpente entre les plaines verdoyantes avec le clapotis de la mer en bande sonore. Soudain jaillissent huit grands bâtiments en briques, hauts de trois étages. Désaffectés et à moitié en ruines, ces anciens magasins en forme de grange donnaient au lieu une triste image. En 2015, la Malaisie a demandé au cabinet singapourien L Architects de le réhabiliter. Aujourd’hui, le résultat joue avec la nature, sans se fondre complètement dans le décor.
En harmonie avec le soleil et le vent. S’il a conservé les anciennes structures, toits à pignon et charpentes métalliques, le cabinet a re-designé les parois en combinant des matières surprenantes : béton, tôles et plaques métalliques, briques à motifs, verre translucide et des balcons de lierres grimpants qui semblent se déverser des étages et dansent dans le vent.
Les architectes Lim Shing Hui et Tse Lee Shing confessent avoir voulu casser la monotonie des surfaces monolithiques, mais pas seulement : « Nous avons voulu expérimenter différentes façons de créer une façade texturisée avec des matériaux modulaires comme la brique. Lorsque le soleil décline sur l’arrangement des briques saillantes, cela crée des ombres intéressantes et ludiques. »
Communion naturelle. Les matériaux utilisés à l’extérieur le sont aussi à l’intérieur, comme les allées en sable de granit qui se prolongent en travertin dans le hall, ou les bassins d’eau répliqués par des surfaces en marbre réfléchissant. Une symétrie in/out qui pourrait bien dépasser le simple cadre de l’architecture : voilà une main tendue symbolique à l’île de Singapour, située de l’autre côté de la baie, et avec laquelle la Malaisie entretient des relations encore souvent compliquées…