
Le chiffre est le résultat d'une étude menée par Investigate Europe et il est inversement proportionnel aux sommes engagées pour lutter contre le réchauffement climatique et la transition énergétique.
Un green deal qui a du plomb 95 dans l’aile. C’est ce qu’on appelle une petite bombe. Alors que le “monde d’après” cherche à enterrer celui d’avant, un collectif de journalistes européens réunis sous la bannière Investigate Europe dévoile un rapport qui sent fort l’hydrocarbure: ““Nous vivons un tournant historique. C’est l’équivalent pour l’Europe des premiers pas sur la lune.” Voilà comment Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, décrivait le Green Deal européen, en décembre 2019. […] Et pourtant, les actes de beaucoup de ses États membres démontrent une certaine hypocrisie climatique.” Sur le banc des accusés : tous les États du vieux continent. Ces derniers sont accusés de continuer à subventionner le secteur des énergies fossiles et le montant annuel fait l’effet d’un coup de massue : ce serait, selon les recherches du collectif, l’équivalent de 137 milliards d’euros “offerts” à l’industrie polluante, sous couverts de crédit carbone et autres déductions fiscales.
Ce qui se cache derrière l’étude, c’est l’omniprésence des lobbyings, à Bruxelles comme dans les grandes capitales, toujours à l’œuvre pour freiner la transition énergétique. Pire encore, ce chiffre de 137 milliards reversés annuellement à l’industrie ne serait en réalité qu’une sous-estimation : “Pour 19 de ces 30 pays, seules les données concernant les allocations gratuites de droits à émettre du CO2 étaient disponibles, et seulement pour les pays de l’OCDE, explique le rapport. Cela ne recouvre qu’une partie de l’aide accordée aux combustibles fossiles. On peut donc comprendre que le montant réel de l’aide accordée à l’utilisation des combustibles fossiles est sans doute bien supérieur.”
NEW INVESTIGATION: We are happy to share our latest investigation, which delves into the EU’s subsidies of the fossil sector by more than €137 billion per year. That is bad news for the climate crisis and the European Green Deal. Full investigation here.https://t.co/nzNaXKmTtA
— Investigate Europe (@investigate_eu) July 1, 2020
Dans le détail, et sans surprise, c’est l’Allemagne qui arriverait sur la première marche des États pollueurs (37 milliards d’euros en 2019) avec, non loin derrière, la Pologne et ses usines fonctionnant encore (hélas) au charbon. Du côté de la France, qui a récemment lancé un plan de sauvetage anti COVID-19 avec 8 milliards pour le secteur automobile, le gouvernement tente de prouver sa bonne foi en favorisant les conversions de véhicules et en accordant des bonus permettant depuis juin de financer en grande partie des modèles électriques. “Il faut que nos concitoyens achètent davantage de véhicules, et en particulier de véhicules propres, déclarait alors Emmanuel Macron. Pas dans deux, cinq ou dix ans, maintenant.” Signe que les temps changent ? Même Total semble actuellement entamer un virage écologique au profit de l’électricité. Mais cette prise de conscience tardive suffira-t-elle à faire baisser le montant des aides déguisées au vieux monde ?